Mardi 17 Novembre, nous arpentons les quais de Paludate, nous voyons le ballet incessant des trains arrivant à la gare, ce bruit sourd nous rappelle le grondement intense des bus parisiens aux abords de la place Saint Michel. Le traffic n’est pas le même ici, il est 11h, nous marchons en direction du pont saint Jean, sur notre gauche, les discothèques sont fermées, rideaux noirs. Nous croisons quelques personnes qui semblent s’étonner de notre présence. Ce ne sont pas les memes regards qu’à Saint Michel où nous nous sentions noyé dans ce flux urbain, où nous faisions partis du décor, ici nous contrastons avec le décor.
Nous nous rappelons les nuits enjouées dans ce meme lieu, les néons violets des discothèques, les vigiles sévères postés à chaque entrée, les jeunes alcoolisés qui ne controlent plus rien, les bagarres et les rires, le bruit sourd et grave des enceintes que l’on percoit de l’extérieur.
Ce matin, les travaux ont repris leur droit, le bruit des marteaux piqueurs remplace le rythme effréné de la musique.
Nous pensons que ce réveil fait écho au réveil du samedi 14 Novembre matin des parisiens, nous n’imaginons pas la place Saint Michel tel que nous l’avons vu il y a quelques semaines, nous ne voyons pas les terrasses remplies, nous ne voyons pas les voitures en attente au feu, nous n’imaginons pas les bus roulant à vive allure, un silence pesant s’est emparé des lieux.
Nous avons retrouvé ce silence sous la voie ferrée, ce silence qui témoigne d’un départ brusque et inopiné.
Notre opération activiste menée à Saint Michel nous avait déjà initié à la confrontation entre les forces de l’ordre et les installations clandestines sur la place.
Les Paludate nous étaient apparus comme une évidence, en correspondance avec notre veine d’actions : de nombreux sans-abris ont construit des logements de fortune sous les ponts. Leur présence dérange et les met face à des avis d’expulsion.
Tout comme le boulevard Saint Michel, les quais de paludate sont à proximité d’une artère importante qui relie la rocade et le centre bordelais ce qui donne à voir ce qui dérange. Deux chaises, une table, une bouteille, des jeans suspendus, un salon aménagé avec comme cloisons, la voie rapide menant au centre de la ville et de l’autre une énorme pile de béton qui supporte la voie ferrée..
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